Œuvres

PEINTRE DE LA SÉRÉNITÉ
Par François Daulte

Comme le soulignait son ami Paul Morand, « Brianchon n’a pas changé, il n’a pas cessé de travailler dans l’indépendance morale, dans la modestie, dans le respect de ses maîtres ». Il propose à notre admiration un œuvre lentement mûri, patiemment organisé autour de quelques thèmes contemporains.

Le cirque et le music-hall

Au début de sa carrière, comme ses amis Raymond Legueult et Roland Oudot, Maurice Brianchon a choisi des sujets aussi bien dans les petits théâtres de variétés et les Cafés-concerts que dans les bars du Moulin-Rouge ou les loges du Cirque Médrano.
Les Courtisanes (1932)
Les Courtisanes (1932)

En peignant un clown, des acrobates, une ballerine, deux danseuses de French-Cancan, l’artiste s’est préoccupé non seulement de camper le décor mais aussi de définir les caractères dominants de ses modèles comme l’avaient fait avant lui un Forain ou un Toulouse-Lautrec.
Lorsqu’il obtint le Prix Blumenthal en 1924, Brianchon put entreprendre un voyage en Espagne. « Au Prado, rappelait l’artiste, j’ai demandé à copier un Greco, mais il n’était pas libre. Comme toile libre, il n’y avait que l’Infante Marie-Thérèse de Vélasquez.Ce sont ses noirs qui m’ont montré la nature et appris le goût. »

Danseuses dans les coulisses - Musée d'artmoderne de la Ville de Paris (1943-1944)
Danseuses dans les coulisses (1943-1944)
De retour en France, Brianchon ne quitta guère Paris, se contentant d’aller chaque été sur les plages de Normandie ou de Bretagne qu’il affectionnait, en particulier Trouville et Carnac
Bal Masqué, Foyer de l'Opéra (1946)
Bal Masqué, Foyer de l'Opéra (1946)

Le Monde du théâtre et de la danse

Il était fatal que le jour où ce peintre si riche de dons aurait l’occasion de travailler pour le théâtre et l’Opéra, sa réussite serait complète. Les décors, les rideaux de scène et les costumes qu’à diverses reprises Brianchon eut à créer, en particulier pour la compagnie de ses amis Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, atteignirent le sommet de l’enchantement.

« Il pouvait voir ainsi – remarque Claude Roger-Marx, son infatigable défenseur – la maquette par lui rêvée s’animer, prendre corps, acquérir des dimensions nouvelles, et son tableau cesser d’être prisonnier d’un cadre pour devenir un tableau vivant. »

La Danseuse au bouquet (1929)
la Danseuse au bouquet (1929)
Cette passion de la musique, du théâtre et de la danse devait conduire Brianchon à reconstituer dans ses toiles, ses lithographies en couleurs et même ses tapisseries, tissées à Aubusson, la vie des planches, les métamorphoses des coulisses, la vive animation des loges. Dans plusieurs scènes de Bals masqués, l’artiste fait revivre après Watteau et Degas cet univers véridique et irréel, où le génie français a toujours aimé s’incarner.
Nature morte au miroir (1939)
Nature morte au miroir (1939)

Les Saisons du Périgord

A côté de ces compositions qui charment à la fois par leur finesse et leur autorité, Brianchon réalisa, dès 1960, une suite admirable de paysages et de natures-mortes, peinte à Truffière, dans le Périgord.
La Songeuse (1956)
La Songeuse (1956)
C’est dans ce hameau, proche de Brassac, que l’artiste restaura une vieille bâtisse de pierre, où il prit l’habitude de séjourner chaque été. Ici, l’événement, c’était pour le peintre les actes de la vie quotidienne saisie à chaud. Labours, battaisons, vendanges, apparaissant en pleine lumière, dans un environnement sans pittoresque, mais empreint de grandeur et de beauté.
L'Euche à Truffières (1964)
L'Euche à Truffières (1964)

Près de quarante ans après la première rétrospective Brianchon, organisée par le Musée des Arts Décoratifs de Paris au Musée du Louvre, l’œuvre de ce peintre grave et secret, tendre et raffiné, demeure et ne cesse pas de rayonner à travers l’espace et le temps.

« Il appartiendra à quelques hommes seulement, notait déjà Jean Bouret en 1951, et non à des mouvements d’avoir marqué la récente période vécue dans le domaine peint. Plus, en effet, que des systèmes mis en valeur par des groupes, ce sont des tempéraments qui se sont affirmés, et cette affirmation est venue davantage des sources pro- fondes que d’une technicité apparente, ainsi Brianchon. »

La place de Passy sous la neige (1943)
La place de Passy sous la neige (1943)
New York, la nuit (1959)
New York, la nuit (1959)
La place de Passy sous la neige (1943)
Coucher de soleil sur la port (1963)